Au-dessous du volcan

Au-dessous du volcanToute adaptation d’un roman à l’écran est une trahison. Les fanatiques du roman de Malcolm Lowry ont fait et feront encore… la grimace. Et ils auront tort ! On ne va pas recommencer le sempiternel débat sur le mot et l’image, mais ce que le livre a perdu en anecdotique, le film l’a gagné en visuel… John Huston, cinéaste aventurier dans l’âme, nous entraîne dans un voyage aux enfers. L’enfer de l’alcool dans le décor faussement paradisiaque du Mexique. Ce n’est pas un hasard si le film s’ouvre sur une fête de la mort avec crânes en sucre et gâteaux en forme de cercueil. Geoffrey, le héros de Lowry et Huston, est un homme en survie, prêt à plonger dans le gouffre. Geoffrey est un Anglais, ancien consul qui passe sa vie «complet a mente borracho»… complètement bourré ! Ivre mort ! Geoffrey au cinéma, c’est surtout Albert Finney, formidable acteur de composition, qui fabrique ici son personnage (peut-être) le plus étonnant. Il met en Geoffrey un point de non retour qui fascine et terrifie. Entre désespoir et arrogance, entre fragilité et dureté, entre ciel et enfer. La seule chose à laquelle Geoffrey tient, à part le mescal, c’est sa femme Yvonne. Elle est partie, elle revient. Miracle, parce qu’il s’est agenouillé dans une église ? Ou compassion pour le compagnon de sa vie qu’elle sait au bout du rouleau ? Geoffrey va l’entraîner, malgré lui et malgré elle, dans son enfer. Et John Huston filme, les suit, les précède… mais, surtout, il capte cette menace et cet ensorcellement qu’est le Mexique, sa misère, sa violence et sa sensualité morbide. Le spectacle est fascinant. John Huston a 79 ans et son film est aussi fertile qu’une œuvre de jeunesse. Mais Huston parle, au sujet de « Au-dessous du volcan », de… film testament. Alors, ne le manquez pas !

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